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Gestion du temps

Délai de validation des congés payés par l’employeur : ce que dit la loi en 2025

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« Combien de temps ai-je pour répondre à cette demande de congés ? »

 Cette question revient régulièrement dans les services RH, et pour cause : le Code du travail reste étonnamment silencieux sur ce point précis. 

Contrairement à d’autres aspects de la gestion des absences, aucun délai légal strict n’impose à l’employeur de valider ou refuser une demande de congés dans un laps de temps défini.

Pourtant, cela ne signifie pas que tout soit permis ! Si vous êtes libre d’organiser les départs selon les nécessités de votre activité, vous devez respecter un cadre précis : le délai de prévenance d’un mois minimum lorsque vous imposez des dates de congés, les règles d’ordre des départs, et les dispositions prévues par votre convention collective.

L’automne 2025 a d’ailleurs marqué un tournant majeur avec les arrêts de la Cour de cassation du 10 septembre 2025, qui viennent bouleverser la gestion des congés en cas de maladie et leur prise en compte dans le calcul des heures supplémentaires.

Dans ce guide, nous passons en revue les délais à respecter, les règles de validation, vos droits en cas de refus ou de silence prolongé de l’employeur, et les nouvelles obligations issues de la jurisprudence récente. L’objectif ? Vous donner les clés pour gérer sereinement vos différents types de congés tout en sécurisant juridiquement votre entreprise.

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Le délai de validation des congés payés : ce que dit vraiment la loi

Le Code du travail reste muet sur la question d’un délai obligatoire pour répondre à une demande de congés. L’article L3141-1 et suivants fixent les règles d’acquisition et de prise des congés payés, mais n’imposent aucun chronomètre à l’employeur pour valider ou refuser une demande formulée par un salarié.

La nuance est capitale : il faut distinguer deux situations radicalement différentes.

  1. D’un côté, le salarié qui sollicite des dates précises pour ses vacances. Vous n’avez alors aucune obligation légale de répondre dans les 48 heures, la semaine ou même le mois. Vous devez simplement traiter cette demande dans un délai raisonnable, en tenant compte des nécessités de votre service et de l’organisation collective des départs.
  2. De l’autre, l’employeur qui fixe ou modifie unilatéralement les dates de congés. Là, la règle devient stricte : un délai de prévenance d’au moins un mois s’impose avant le départ prévu. 

L’accord de branche ou la convention collective peuvent toutefois prévoir des délais spécifiques, plus contraignants ou plus souples selon les secteurs. Certaines conventions imposent par exemple un délai de réponse de 15 jours après réception de la demande, ou fixent des périodes de référence précises pour l’organisation des départs. Vérifiez systématiquement les dispositions applicables à votre entreprise.

Concrètement ? Si un collaborateur vous demande de partir du 5 au 16 juillet, vous pouvez prendre le temps d’étudier sa demande au regard des autres sollicitations, de la charge de travail et de l’effectif présent. 

En revanche, si vous lui annoncez fin juin qu’il part obligatoirement en congés la première quinzaine d’août, vous êtes hors délai : il fallait le prévenir avant fin juin. Cette distinction évite bien des malentendus et sécurise la gestion de vos périodes de congés.

Comment se déroule la validation des congés en pratique ?

Le processus classique suit un schéma simple : le salarié formule une demande, vous l’examinez, puis vous validez ou refusez selon vos contraintes d’organisation. Mais derrière cette apparente simplicité se cache une mécanique qu’il vaut mieux maîtriser pour éviter les tensions.

Tout part de l’ordre des départs, fixé par l’employeur en tenant compte de plusieurs critères : 

  • situation de famille (notamment pour les salariés ayant des enfants scolarisés), 
  • ancienneté dans l’entreprise, 
  • activité chez d’autres employeurs. 

Cet ordre doit être communiqué au moins deux mois avant l’ouverture de la période de prise des congés, généralement affiché dans l’entreprise ou transmis individuellement.

La période de référence – souvent du 1er juin au 31 mai de l’année suivante – structure l’ensemble. C’est durant cette fenêtre que vos salariés acquièrent leurs droits et doivent les prendre. Vous devez organiser les départs en respectant le congé principal de quatre semaines, qui doit être accordé entre le 1er mai et le 31 octobre, sauf si un accord collectif prévoit d’autres dispositions.

Congés imposés ou choisis ? La frontière compte. Quand vous imposez des dates (fermeture estivale, ponts, ralentissement d’activité), le délai d’un mois de prévenance s’applique systématiquement. Quand le salarié demande, vous gardez la main sur l’acceptation – mais une réponse rapide reste la meilleure pratique pour éviter les malentendus.

Côté organisation, la validation écrite reste votre meilleur allié. Email, formulaire papier signé, ou encore mieux : un logiciel RH comme Factorial qui centralise les demandes, automatise les validations et conserve l’historique complet. Ce type d’outil simplifie le décompte des congés payés, évite les oublis et sécurise juridiquement chaque décision en cas de litige ultérieur.

L'employeur peut-il refuser une demande de congés ?

Oui, et c’est même un pouvoir inhérent à votre rôle de direction. Vous n’avez pas à justifier systématiquement chaque refus devant vos salariés, mais attention : ce droit n’est pas sans limites. Le refus doit répondre à des nécessités légitimes liées au bon fonctionnement de l’entreprise.

Les motifs classiques tiennent la route devant les juridictions : maintien de la continuité du service, préservation d’un effectif minimal, charge de travail exceptionnelle sur la période demandée, cumul de plusieurs absences simultanées dans la même équipe. Un restaurateur peut légitimement refuser des congés en août à l’ensemble de son personnel de salle. Un cabinet comptable peut privilégier les départs hors période de clôture fiscale.

Ce qui passe moins bien ? Le refus systématique et injustifié qui empêche un salarié de prendre ses congés acquis, ou celui fondé sur des considérations discriminatoires. Refuser parce qu’un collaborateur a déjà posé plusieurs semaines dans l’année alors que ses collègues n’ont rien pris, ça peut se défendre. Refuser parce qu’il s’agit d’une salariée enceinte ou d’un représentant du personnel actif, ça risque de mal tourner.

Les congés pour événements familiaux constituent une catégorie à part. Le Code du travail prévoit des congés exceptionnels pour mariage, naissance, décès d’un proche – généralement entre 1 et 5 jours selon l’événement et votre convention collective. Ces absences autorisées ne peuvent pas être refusées, sauf circonstances vraiment exceptionnelles et à condition d’en discuter rapidement avec le salarié pour trouver un arrangement.

Attention ! Un refus abusif vous expose à des contentieux prud’homaux. Un salarié empêché de façon répétée de prendre ses congés peut obtenir des dommages et intérêts, voire la rupture du contrat aux torts de l’employeur s’il démontre que cette situation l’a contraint à démissionner. Les juges regardent particulièrement mal les situations où des congés payés non pris s’accumulent d’année en année sans raison valable.

Absence de réponse de l'employeur : y a-t-il acceptation tacite ?

Non, et c’est l’une des idées reçues les plus tenaces en droit du travail français. Le silence de l’employeur ne vaut jamais acceptation. Contrairement à d’autres pays européens où l’absence de réponse dans un délai donné équivaut à une validation automatique, le droit français n’a pas retenu ce principe pour les congés payés.

Cette règle protège en réalité l’organisation du travail. Imaginez le chaos si chaque demande non traitée dans les 48 heures devenait automatiquement valide : les services RH croulent parfois sous les sollicitations, surtout en période estivale ou de fin d’année. Le silence peut résulter d’un oubli, d’une surcharge temporaire, ou d’une réflexion en cours sur l’organisation des départs.

Les nouvelles règles 2025 qui impactent la validation

L’automne 2025 a marqué un tournant majeur dans la gestion des congés payés. Les arrêts de la Cour de cassation du 10 septembre 2025 viennent bousculer des pratiques installées depuis des années, avec deux évolutions qui changent concrètement votre quotidien RH.

Première évolution : le report automatique en cas d’arrêt maladie pendant les congés

Fini le temps où un salarié malade pendant ses vacances perdait définitivement ces jours. Désormais, si un collaborateur vous transmet un arrêt de travail couvrant tout ou partie de ses congés, ces jours sont automatiquement reportés. Le salarié pourra les prendre ultérieurement, dans un délai de 15 mois à compter de la reprise du travail.

Cette règle découle d’une mise en conformité avec le droit européen, entamée dès les arrêts du 13 septembre 2023 qui avaient déjà reconnu que les salariés acquièrent des droits à congés même pendant une période de maladie, professionnelle ou non. Les arrêts de 2025 vont plus loin en imposant ce report automatique.

Concrètement ? Dès réception de l’arrêt maladie, vous devez ajuster le compteur du salarié : retirez les jours concernés du solde « pris » et replacez-les en « jours à prendre ». 

Attention toutefois : le salarié doit vous transmettre son arrêt dans les formes et délais requis – généralement 48 heures, sauf disposition plus favorable de votre convention collective. Si l’arrêt arrive trop tard sans justification, vous pouvez refuser le report.

Deuxième évolution : l’intégration des congés payés dans le calcul des heures supplémentaires

C’est sans doute la modification la plus technique mais aussi la plus coûteuse pour les entreprises. Chaque jour de congé payé doit désormais être comptabilisé comme du temps de travail effectif pour déterminer le franchissement du seuil des 35 heures hebdomadaires.

Prenons un exemple chiffré pour y voir clair. Sophie travaille 7 heures par jour, du lundi au vendredi. Elle est en congés payés lundi et mardi (14 heures), puis travaille mercredi, jeudi et vendredi à raison de 9 heures par jour (27 heures).

  • Avant le 10 septembre 2025 : seules les 27 heures travaillées comptaient, donc aucune heure supplémentaire à payer (27h < 35h).
  • Depuis le 10 septembre 2025 : 14h (congés) + 27h (travaillées) = 41 heures. Soit 6 heures supplémentaires à rémunérer avec majoration de 25% (ou selon votre taux conventionnel).

Cette nouvelle donne impacte directement votre masse salariale, surtout si vous avez l’habitude de faire travailler vos équipes plus longtemps lors de semaines fractionnées par des congés. Le calcul des heures supplémentaires devient plus complexe et nécessite un suivi rigoureux.

Modifier une demande de congés : délais et procédure

Les imprévus arrivent : un mariage reporté, une urgence familiale, ou tout simplement un changement de planning qui remet en question des congés validés plusieurs semaines à l’avance. La modification reste possible, mais selon des règles distinctes selon qui en prend l’initiative.

  1. Quand c’est le salarié qui souhaite modifier

 Il doit obtenir votre accord, point final. Même si les congés ont été validés il y a deux mois, le collaborateur qui veut décaler ses dates n’a aucun droit automatique à cette modification. Vous restez libre d’accepter ou de refuser selon vos contraintes organisationnelles du moment.

Dans les faits, beaucoup d’entreprises font preuve de souplesse si la demande arrive suffisamment tôt et ne désorganise pas le service. Mais juridiquement, vous n’y êtes pas obligé. Un refus n’a pas à être motivé en détail, tant qu’il répond aux nécessités de l’entreprise.

  1. Quand c’est l’employeur qui impose la modification

 Là, les règles se durcissent considérablement. Vous devez respecter le fameux délai de prévenance d’un mois minimum avant la nouvelle date de départ. Si vous avez validé des congés du 15 au 26 juillet et que vous voulez finalement les reporter au 5 août, il faut en informer le salarié au plus tard le 5 juillet.

Ce délai protège le salarié qui a pu organiser ses vacances : réservations d’hébergement, billets de transport, garde d’enfants. Le modifier à la dernière minute peut lui causer un préjudice financier et organisationnel réel. Les congés payés imposés obéissent d’ailleurs aux mêmes contraintes.

Les circonstances exceptionnelles constituent la seule vraie dérogation. En cas de situation critique – commande urgente imprévue, remplacement d’un salarié en arrêt maladie brutal, sinistre dans l’entreprise – vous pouvez demander à un collaborateur de décaler ses congés même à court terme. Mais cette faculté reste exceptionnelle par nature et suppose généralement une discussion avec le salarié pour trouver un arrangement.

Dans ces cas-limites, proposez une compensation : prise en charge des frais d’annulation, jours de congés supplémentaires, prime exceptionnelle. Cela évite les tensions et montre votre bonne foi si le dossier finit devant les prud’hommes. Un salarié contraint d’annuler des vacances réservées sans aucun dédommagement peut obtenir des dommages et intérêts pour le préjudice subi.

Ce qu’il faut retenir sur les délais de validation des congés payés

La validation des congés payés ne répond à aucun chronomètre légal strict : le Code du travail n’impose pas de délai fixe pour accepter ou refuser une demande formulée par un salarié. Mais ce silence de la loi ne signifie pas absence de règles. Le délai de prévenance d’un mois reste obligatoire dès que vous imposez ou modifiez des dates, l’ordre des départs doit être respecté, et les évolutions jurisprudentielles de 2025 viennent ajouter de nouvelles contraintes sur le report automatique en cas de maladie et le calcul des heures supplémentaires.

Face à cette complexité croissante, la gestion manuelle montre rapidement ses limites. Entre les reports à 15 mois, les congés payés à virgule qu’il faut suivre précisément, les congés en CDD avec leurs spécificités, et les nouvelles règles de calcul, le risque d’erreur augmente.

Un logiciel RH comme Factorial simplifie considérablement cette gestion : validation centralisée, compteurs mis à jour automatiquement, traçabilité complète des demandes et des réponses, alertes sur les délais à respecter. Vous gagnez du temps, vous sécurisez vos pratiques, et vous évitez les contentieux liés à des oublis ou des calculs approximatifs.

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Rédactrice RH freelance, je possède dix ans d’expériences professionnelles en tant que chargée de mission, puis consultante RH, au sein d’environnements variés de l’industrie, du service public de l’emploi et d'organismes de formation professionnelle continue. Ce parcours m’a permis d’aborder les thématiques liées à la GPEC, à la prospective RH et l'ingénierie de formations et d’accompagner les acteurs des territoires, les entreprises et les actifs dans la gestion des parcours et des compétences. Aujourd’hui, j’accompagne les différents acteurs de la chaîne de valeur RH à gagner en visibilité et à accompagner le changement, en produisant des contenus utiles et pertinents pour les professionnels RH et les actifs en transition.