La gestion des compétences et des talents au sein de l’entreprise constitue de véritables défis, parfois difficiles à surmonter. En effet, les entreprises doivent jongler entre rétention des talents et avoir à disposition des compétences spécifiques pour rester performantes. La formation a donc un rôle clé. Dans ce contexte, la clause de dédit formation se présente comme un outil stratégique.
Bien que non obligatoire, cette clause permet aux employeurs de former leurs salarié(e)s tout en minimisant les risques liés à un départ anticipé. Toutefois, l’utilisation de la clause de dédit formation nécessite une grande rigueur pour respecter les règles légales qui encadrent cette pratique. On vous explique tout ce qu’il faut retenir.
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Table des matières
Comprendre la clause de dédit formation
Qu’est-ce qu’une clause de dédit formation ?
La clause de dédit formation est une disposition pouvant être insérée au contrat de travail. Elle oblige l’employé(e) ayant bénéficié d’une formation coûteuse financée intégralement par l’entreprise à rembourser les frais engagés en cas de départ anticipé. Cette clause régit les relations post-formations, elle s’applique pendant une période définie à l’issue de la formation.
Les objectifs de la clause de dédit formation
À travers la clause de dédit formation, l’employeur entend contraindre son(sa) salarié(e) à rembourser les frais de formation s’il quitte l’entreprise avant la fin de la période définie par la clause. L’objectif est double :
- D’une part, elle permet à l’entreprise de récupérer les coûts engagés par la formation en profitant des connaissances et compétences acquises par son(sa) salarié(e) ;
- D’autre part, elle vise à assurer une certaine stabilité des compétences et des talents au sein de l’entreprise.
Les contrats concernés par la clause de dédit formation
La clause de dédit formation peut être insérée dans divers contrats de travail, y compris les contrats à durée indéterminée (CDI) et à durée déterminée (CDD).
Cependant, elle ne peut pas être insérée dans un contrat de professionnalisation, conformément à l’article L.6325-15 du Code du travail. De plus, elle est interdite dans un contrat de travail prévoyant la reconversion ou la promotion par l’alternance (Pro-A), selon l’article D.6324-1 du Code du travail.
Conditions de validité d’une clause de dédit formation
Le formalisme de la clause de dédit formation
Pour être valable, la clause de dédit-formation doit respecter certaines conditions de forme et de fond :
- Elle doit être écrite et figurer dans le contrat de travail ou dans un avenant.
- Elle doit détailler la nature de la formation, mentionner le coût réel de celle-ci, indiquer le montant du remboursement à la charge du salarié en cas de départ anticipé, et prévoir les conditions de ce remboursement.
Enfin, elle ne peut s’appliquer qu’après une durée déterminée, généralement comprise entre 2 et 5 ans selon la durée et le coût de la formation.
Les règles de mise en œuvre de la clause de dédit formation
La mise en œuvre de la clause de dédit-formation est soumise à deux conditions cumulatives :
- La rupture du contrat de travail doit intervenir à l’initiative du salarié avant le terme de la clause.
- La rupture ne doit pas être imputable à l’employeur.
De plus, si la démission intervient pendant la période d’essai, cela n’empêche pas l’employeur d’activer le dédit-formation prévu au contrat.
Cependant, l’employeur ne peut pas exiger un remboursement de la part du salarié s’il le licencie, y compris pour faute grave. De même, il ne peut pas réclamer un remboursement si la formation suivie est différente de celle indiquée dans le contrat de travail, ou si la formation n’a pas été suivie en totalité
Il est important de noter que même si les conditions sont réunies, l’employeur peut tout à fait renoncer à invoquer la clause de dédit formation, notamment en cas de rupture conventionnelle.
Intérêt et limites de la clause de dédit
Côté employeur, les avantages de la clause de dédit formation
La clause de dédit-formation offre plusieurs avantages pour l’employeur :
- Elle permet de protéger l’investissement de l’entreprise dans la formation de ses employé(e)s. En effet, si un(e) employé(e) quitte l’entreprise avant une période définie après avoir bénéficié d’une formation onéreuse, il est tenu de rembourser les frais de formation. Cela dissuade les départs précoces et garantit que l’entreprise bénéficie de son investissement en formation.
- La clause de dédit-formation peut contribuer à la rétention des talents. En sachant qu’iels devront rembourser les frais de formation s’iels quittent l’entreprise prématurément, les employé(e)s peuvent être plus enclins à rester.
- Enfin, la mise en œuvre de cette clause permet à l’entreprise d’affecter les sommes remboursées au financement d’autres actions pour le développement des compétences. Cela contribue ainsi à l’amélioration continue des compétences au sein de l’entreprise.
Les limites et précautions à prendre
La mise en place d’une clause de dédit-formation nécessite de prendre en compte plusieurs limites et précautions :
- La clause de dédit-formation doit être rédigée de manière précise et détaillée. Elle doit préciser clairement les dates, la nature et le coût réel de la formation ainsi que le montant du remboursement à la charge du salarié en cas de départ anticipé et les modalités de ce remboursement.
- La clause doit être proportionnée. Le montant du remboursement demandé au salarié ne doit pas être manifestement excessif par rapport au coût réel de la formation financée par l’employeur.
- La durée de l’engagement du salarié stipulée par la clause doit être raisonnable. Généralement, cette durée est comprise entre 2 et 5 ans selon la durée et le coût de la formation.
- La clause de dédit-formation ne doit pas priver le salarié de sa faculté de démissionner. Si la clause est jugée trop contraignante, elle peut être considérée comme nulle.
- Enfin, il est important de noter que la clause de dédit-formation ne peut pas être insérée dans tous les contrats de travail. Par exemple, elle ne peut pas être insérée dans un contrat de professionnalisation.
Les sanctions en cas de non respect de la clause
En cas de non-respect de la clause de dédit-formation, certaines sanctions peuvent être appliquées :
- Si le salarié démissionne, commet une faute grave ou lourde ou part à la retraite de manière volontaire, il doit payer l’indemnité prévue par la clause de dédit-formation présente dans son contrat de travail.
- Si l’ex-salarié(e) ne procède pas au paiement, l’employeur peut intenter des poursuites pouvant aller jusqu’à la saisie des indemnités dues.
Du côté de l’employeur, si la clause est jugée trop imprécise ou ne respecte pas les conditions de validité, elle peut être déclarée nulle. Dans ce cas, l’employeur ne pourra demander aucun remboursement ou dédommagement.
Enfin, si la clause de dédit-formation est utilisée pour stabiliser les mouvements de départ des employé(e)s dans des conditions de travail particulièrement complexes, elle peut être annulée par le juge.
Pour finir, la clause de dédit formation offre aux employeurs un moyen stratégique de concilier formation, compétences à jour et rétention des talents. Cependant, son utilisation nécessite une véritable rigueur tant sur le plan légal que rédactionnel. Des limites précises ont été fixées afin de garantir la liberté de travail de tous(tes). En somme, à condition d’être bien utilisé, la clause de dédit formation peut être un outil équilibré pour répondre aux enjeux de la gestion des compétences en entreprise.