Travail hybride, semaine de quatre jours, full remote… les entreprises expérimentent de nouvelles organisations, qui modifient le traditionnel cadre de travail spatio-temporel.
Parmi ces tendances récentes, le travail asynchrone : les employés ne viennent plus au bureau à heures fixes, ils définissent leur propre rythme de travail.
Comment cela se déroule en pratique ? Quels bénéfices pour l’entreprise et pour ses employés ? Comment le mettre en place sans risques ? Réponses !
Table des matières
Travail asynchrone : de quoi s’agit-il ?
L’expression est née de la pratique. Le travail est dit asynchrone lorsque les collaborateurs d’une entreprise ne travaillent pas obligatoirement aux mêmes horaires.
- Le principe du travail asynchrone consiste à laisser aux employés la liberté d’aménager leur temps de travail.
- Résultat : les employés travaillent en décalé, chacun aux horaires de son choix.
En pratique :
Cela revient à n’imposer aucuns horaires contractuels. Les collaborateurs ne sont plus contraints de respecter les horaires de bureau classiques, de 9h30 à 18h avec 1h30 de pause méridienne. Ils ont beau travailler collectivement, dans l’intérêt de l’entreprise, ils ne travaillent pas nécessairement en même temps.
Les collaborateurs n’en ont pas moins des missions assorties de deadlines : ils doivent rendre le travail en temps voulu. Les réunions et les points d’équipe, de même, ne disparaissent pas totalement en travail asynchrone : ils doivent en revanche être planifiés en amont, ils peuvent difficilement être improvisés.
Travail asynchrone et travail hybride : quelles différences ?
Le travail hybride est un changement subi. Dans le contexte de crise sanitaire, en effet, les entreprises ne pouvaient faire autrement que de combiner travail en présentiel et travail à distance. Le succès de la pratique a incité les entreprises à poursuivre cette organisation dans une certaine mesure.
Le travail asynchrone est un changement qui est actuellement impulsé par les mœurs. La qualité de vie et des conditions de travail (QVTC) est aujourd’hui un enjeu majeur. Or choisir son rythme de travail y contribue.
Au-delà de l’aspect sociétal, les deux concepts sont différents :
- En travail hybride, certains collaborateurs sont en télétravail : c’est le lieu de travail qui change.
- En travail asynchrone, les collaborateurs ne travaillent pas aux horaires de bureau classiques : c’est le moment du travail qui change.
En pratique pourtant, le travail asynchrone suppose de faire du télétravail. Les employés qui commencent à travailler à 6 heures le matin, ou qui s’y mettent après 20 heures, ne peuvent vraisemblablement pas se rendre au bureau.
C’est en quelque sorte une version encore libéralisée du travail hybride. Il n’y a plus aucune contrainte, ni spatiale ni temporelle, seuls les résultats comptent. Ainsi que le bien-être des employés…
7 avantages du travail asynchrone
#1 La liberté pour les employés
La liberté accordée en travail asynchrone plaît aux employés. Chacun aménage son rythme en fonction de son mode de vie, pour trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Un parent trouve plus facilement du temps à consacrer à ses enfants, par exemple.
#2 Le bien-être au travail des employés
Respecter des horaires peut être source de stress. De même, être immédiatement réactif aux sollicitations par chat, par téléphone ainsi que par e-mail génère de la pression au travail. En travail asynchrone, ces sources de stress sont supprimées. À la manière d’un freelance, le collaborateur gère son travail à son rythme, tant qu’il effectue ses tâches dans les délais.
#3 La productivité au service de l’entreprise
Un collaborateur qui n’est pas interrompu par de multiples sollicitations travaille plus efficacement. C’est ce qui motive d’ailleurs des employés à travailler à des heures très tardives, ou au contraire très tôt le matin. Sans contrainte d’horaire, en outre, un employé peut prendre le temps de la réflexion avant de répondre à ses correspondants. Les échanges, en conséquence, sont plus qualitatifs. Et les prises de décision également.
#4 Un vivier de talents pour l’entreprise
Mettre en place le travail en décalé permet de collaborer avec des talents du monde entier, peu importe le décalage horaire.
#5 Un gain de temps pour les employés et pour l’entreprise
Le nombre de réunions est nécessairement limité puisque le travail asynchrone consiste à ne pas imposer d’horaires. Le syndrome de la réunionite est totalement évité : seules les meetings réellement utiles ont lieu.
#6 La traçabilité des données
Les échanges avec les collaborateurs et les clients se font majoritairement par écrit, pour pallier au décalage temporel. Ainsi, l’accès à à l’intégralité des échanges et des données est facilité.
#7 La marque employeur de l’entreprise
Mettre en place le travail asynchrone bénéficie à la marque employeur. Cette organisation en effet suppose que l’entreprise accorde à ses employés une grande confiance, ainsi qu’une autonomie totale.
Quelles sont les limites du travail asynchrone ?
Le travail asynchrone souffre d’inconvénients non négligeables.
- Laisser une totale liberté peut entraîner chez les employés, consciemment ou non, une forme de laisser-aller. L’entreprise pâtit directement de ce manque d’assiduité, d’attention et de rigueur au travail.
- Le risque de désorganisation dans l’entreprise est notable. Un manager a parfois besoin de parler immédiatement à un collaborateur. Et si ce collaborateur n’est pas actuellement en train de travailler, le projet est ralenti.
- Travailler à des horaires librement déterminés est attractif de prime abord, pourtant cette organisation ne convient pas à tous. L’ambiance du bureau leur manque, et les collaborateurs se retrouvent relativement isolés. Psychologiquement, cela peut s’avérer néfaste.
Faut-il adopter une organisation asynchrone au travail ?
Il est judicieux de l’envisager, pour déterminer si cette organisation nouvelle est adaptée dans l’entreprise. Voici des questions centrales à se poser :
- Est-ce que le relationnel joue un rôle important dans l’entreprise ? Si la majorité des employés sont déjà en télétravail, par exemple, c’est de bon augure pour le travail asynchrone. L’organisation à distance fonctionne, le décalage de rythme n’est peut-être que la suite logique.
- Les clients sont-ils prêts à accepter cette organisation ? Certains secteurs d’activité, un cabinet de conseil en fusion acquisition par exemple, ne peuvent sans doute pas se le permettre. Sur certains secteurs concurrentiels, en outre, les employés doivent être ultra réactifs.
- Est-ce que les employés demandent à travailler de manière asynchrone ? Si la réponse est non, il n’est peut-être pas utile de bouleverser l’organisation en place, au risque en plus de leur déplaire.
Quoi qu’il en soit, il faut avoir conscience que le travail asynchrone ne convient pas à tous les postes en entreprise. De par leur personnalité ou la nature de leurs fonctions, certains collaborateurs gagnent en effet à travailler à des horaires précis et imposés. C’est pourquoi en pratique, ce sont majoritairement les cadres, autonomes par définition, qui sont éligibles à ce mode d’organisation.
Comment mettre en place le travail asynchrone en 5 étapes ?
Il est intéressant de constater qu’aucune disposition légale n’oblige les employeurs à mentionner des horaires de présence au bureau dans les contrats de travail. C’est pour des raisons d’organisation qu’en pratique, le contrat impose des horaires.
Vous croyez aux vertus du travail asynchrone ? Pour l’expérimenter, vous pouvez suivre les étapes suivantes.
1 – Déterminer les postes éligibles
A priori, seuls les salariés autonomes dans l’exercice de leurs fonctions peuvent travailler de manière asynchrone. Les postes de cadres sont donc majoritairement concernés. Vous pouvez toutefois ouvrir cette possibilité à d’autres fonctions, selon les spécificités de votre activité.
Illustration : dans une petite structure où les salariés sont indépendants les uns des autres, le travail asynchrone peut fonctionner. Une entrepreneuse qui crée des bijoux et les vend en ligne, par exemple, emploie deux salariés qui fabriquent les bijoux, un webmaster qui met à jour le site de e-commerce, et un community manager. Chacun peut travailler indépendamment des autres, de manière asynchrone.
2 – Poser le cadre juridique
Le forfait jour est totalement adapté au travail asynchrone. C’est l’essence même de cette convention : permettre à l’employé d’organiser librement son emploi du temps, sans comptabiliser la durée de son travail en heures.
Le contrat au forfait jour prévoit nécessairement des dispositions relatives au télétravail. Vous pouvez même aller plus loin, en autorisant le full remote.
3 – Déterminer les modalités du travail asynchrone
Le principe du travail asynchrone est de laisser au salarié la liberté d’organiser son emploi du temps. Mais vous avez besoin d’imposer certains échanges en présentiel, et de superviser le travail de vos employés. À la manière de la charte de télétravail, une charte peut encadrer les modalités du travail asynchrone. Exemples de mentions utiles :
- Définir un jour et une heure pour une réunion hebdomadaire.
- Prévoir un délai de prévenance minimum pour organiser une réunion dans l’urgence.
- Exiger un compte-rendu des tâches effectuées à une fréquence déterminée.
- Mentionner les conditions de retour au travail synchrone.
4 – Former les équipes
La confiance est la base du travail asynchrone. Vos managers en effet ne peuvent vraisemblablement pas surveiller chacun de leurs collaborateurs au quotidien. Leurs techniques de management doivent donc être adaptées, dans l’esprit du management à distance.
Pour que le travail asynchrone fonctionne, il faut en outre fixer des objectifs précis et assortis de délais. Chaque manager peut ainsi mesurer l’efficacité de l’organisation au travail, à l’aide d’indicateurs de performance clés.
5 – S’équiper d’outils collaboratifs
Les outils collaboratifs servent la performance de vos équipes en travail asynchrone, mais aussi leur bien-être. La communication est en effet assurée, tout en respectant le rythme de travail choisi par chacun de vos salariés.
Diverses plateformes collaboratives peuvent être mises en place dans votre entreprise. Pour bien choisir, il faut déterminer la liste des fonctionnalités utiles eu égard à votre organisation. Le nombre d’utilisateurs, en fonction de vos effectifs, est également un critère de choix.
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