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Sanction disciplinaire : quelles sont les règles, procédures et délais ?

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7 minutes de lecture
règles, procédures et délais pour une sanction disciplinaire

Gérer les sanctions disciplinaires au sein de votre entreprise n’est pas seulement une question de discipline ou d’ordre, c’est aussi une obligation légale qui nécessite une connaissance précise des règles, des procédures, et des délais à respecter. Une mauvaise gestion de ces sanctions peut entraîner des complications juridiques coûteuses et nuire au climat de travail.

À travers cet article, nous vous expliquons pas à pas les fondements de la sanction disciplinaire. Vous saurez aussi quand et comment les appliquer, tout en veillant à ce que chaque étape respecte les normes en vigueur. Les sanctions disciplinaires n’auront désormais plus aucun secret pour vous !

SOMMAIRE

Qu’est-ce qu’une faute du salarié ?

Une faute du salarié est un comportement ou une action qui enfreint les obligations professionnelles ou le règlement intérieur de l’entreprise, pouvant entraîner une sanction disciplinaire.

Qu’est-ce qu’une sanction disciplinaire ?

Sanction disciplinaire : définition et cadre légal

Une sanction disciplinaire est une mesure prise par un employeur en réponse à un comportement fautif d’un(e) salarié(e). Selon l’article L1331-1 du Code du travail, cette sanction peut varier d’un simple avertissement jusqu’au licenciement pour faute grave ou lourde.
Cet outil essentiel permet à l’employeur de maintenir la discipline au sein de l’entreprise et de garantir un environnement de travail respectueux et productif.

💡 BON À SAVOIR : Toutes les sanctions doivent être justifiées et proportionnées à la gravité des faits reprochés. C’est un point essentiel à comprendre, car l’employeur ne peut pas infliger une sanction sans motif valable ni dépasser ce qui est raisonnable par rapport à la faute commise. Le cas échéant, il risque de voir cette sanction contestée par le(la) salarié(e) devant le Conseil de prud’hommes.

Les différents comportements sanctionnables

Le Code du travail ne fournit pas de liste exhaustive des comportements pouvant entraîner une sanction disciplinaire. Cependant, plusieurs types de fautes sont couramment reconnus comme justifiant une sanction :

  • Les manquements au règlement intérieur : Par exemple, des retards répétés, le non-respect des consignes de sécurité, ou le non-port des équipements de protection individuelle peuvent justifier une sanction disciplinaire. Selon l’article L1321-1 du Code du travail, le règlement intérieur d’une entreprise doit préciser les règles relatives à la discipline et les sanctions applicables.
  • L’insubordination : Le refus d’obéir à un ordre donné par un(e) supérieur hiérarchique(e), tant que cet ordre est légal et conforme au contrat de travail, est considéré comme une faute grave. Le(la) salarié(e) a l’obligation d’exécuter les tâches qui lui sont demandées, sauf en cas de mise en danger ou de violation manifeste de la loi.
  • La faute professionnelle : Cela inclut des erreurs graves dans l’exécution des tâches, la négligence répétée, ou encore la mauvaise qualité du travail. Par exemple, un manquement aux obligations contractuelles, telles que la confidentialité, peut justifier une sanction.
  • Comportements inappropriés : Les actes de harcèlement moral ou sexuel, les violences verbales ou physiques, ainsi que les comportements menaçants envers des collègues ou des supérieurs peuvent entraîner des sanctions lourdes, y compris le licenciement pour faute grave. L’article L1152-1 du Code du travail interdit explicitement le harcèlement moral, tandis que l’article L1153-1 interdit le harcèlement sexuel.

La prescription des faits fautifs

Selon l’article L1332-4 du Code du travail, aucun fait fautif ne peut justifier l’engagement de poursuites disciplinaires au-delà d’un délai de deux mois à compter du jour où l’employeur en a eu connaissance, à moins que des poursuites pénales n’aient été engagées dans le même délai.

Cela signifie que l’employeur doit agir rapidement après avoir pris connaissance de la faute, sous peine de ne plus pouvoir sanctionner le(la) salarié(e) pour ces faits.

Le principe “Non Bis in Idem”

Un(e) salarié(e) ne peut être sanctionné(e) deux fois pour un même fait fautif. Ce principe a été confirmé par la jurisprudence, notamment dans un arrêt de la Chambre sociale de la Cour de cassation du 3 mai 2011 (n° 09-67.464), où la Cour a jugé qu’une sanction déjà prononcée pour un comportement fautif ne peut pas être aggravée par une nouvelle sanction pour les mêmes faits.

Procédure disciplinaire : étapes clés, sanctions et recours

Les étapes clés de la procédure disciplinaire

Lorsqu’un employeur décide de sanctionner un salarié pour un comportement fautif, il doit respecter une procédure stricte définie par le Code du travail. Cette procédure varie en fonction de la gravité de la sanction envisagée, mais elle comprend généralement les étapes suivantes :

1. La convocation à un entretien préalable

L’article L1332-2 du Code du travail impose à l’employeur de convoquer le(la) salarié(e) à un entretien préalable lorsque la sanction envisagée est de nature à affecter :

  • la présence de celui-ci dans l’entreprise,
  • sa fonction,
  • sa carrière,
  • ou sa rémunération (comme la mise à pied, la mutation, la rétrogradation, ou le licenciement).

La convocation doit être envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre contre décharge.

La convocation doit mentionner :

  • L’objet de l’entretien (la sanction disciplinaire envisagée).
  • La date, l’heure et le lieu de l’entretien.
  • La possibilité pour le(la) salarié(e) de se faire assister par une personne de son choix, appartenant à l’entreprise (ou par un conseiller extérieur dans les entreprises dépourvues de représentants du personnel).

Il est essentiel que cette convocation soit réalisée selon ces règles, sous peine d’annulation de la sanction pour vice de procédure.

2. L’entretien préalable

Lors de l’entretien, l’employeur doit exposer les motifs de la sanction envisagée et permettre au(à la) salarié(e) de s’expliquer. Cet entretien n’a pas pour but de prononcer immédiatement la sanction, mais d’offrir au(à la) salarié(e) une occasion de se défendre et de présenter ses arguments. L’employeur doit écouter les explications du(de la) salarié(e) avant de prendre une décision définitive.

Il est recommandé de consigner par écrit le déroulement de cet entretien, ainsi que les points soulevés par le(la) salarié(e), pour documenter le processus disciplinaire de manière formelle et transparente.

3. La notification de la sanction

Après l’entretien, l’employeur doit attendre un délai de réflexion de deux jours ouvrables avant de notifier la sanction disciplinaire. Cependant, la sanction doit être prononcée dans un délai d’un mois après l’entretien.

La sanction doit être notifiée par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre contre décharge. Cette notification doit préciser les faits reprochés, la sanction retenue, et éventuellement les voies de recours ouvertes au salarié.

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Les différents types de sanctions et les cas d’application

Selon la gravité des faits reprochés, l’employeur peut choisir parmi plusieurs types de sanctions disciplinaires. Attention, la sanction doit toujours être proportionnée à la faute commise.

1. Les sanctions “légères”

  • L’avertissement : c’est une sanction écrite qui consiste à rappeler au(à la) salarié(e) les règles qu’il(elle) a enfreintes et à l’informer des conséquences d’un nouveau manquement. Cette sanction n’a pas d’impact direct sur le contrat de travail (rémunération, poste).
  • Le blâme : Plus sévère que l’avertissement, le blâme est un reproche formel inscrit au dossier personnel. Comme l’avertissement, il n’affecte pas directement les conditions de travail, mais il marque un premier niveau d’escalade dans la hiérarchie des sanctions.

2. Les sanctions “intermédiaires”

  • La mise à pied disciplinaire : Cette sanction suspend temporairement le contrat de travail et prive le(la) salari(e) de sa rémunération pendant une durée déterminée. Elle est généralement appliquée pour des fautes jugées sérieuses, mais qui ne justifient pas encore un licenciement.
  • La mutation : La mutation disciplinaire implique un changement de poste ou de lieu de travail. Cette mesure est souvent utilisée pour séparer un(e) salarié(e) fautif(ve) du reste de l’équipe ou pour l’éloigner d’une situation de conflit.
  • La rétrogradation : Elle consiste à réduire la responsabilité ou la classification du salarié, accompagnée souvent d’une diminution de salaire. Cette sanction est appropriée pour des fautes graves qui affectent la confiance de l’employeur dans les capacités du(de la) salarié(e) à assumer ses fonctions actuelles.

3. Les sanctions “graves”

Le licenciement est la sanction la plus sévère. Il peut être prononcé pour faute simple, grave ou lourde.

Une faute simple permet le licenciement avec préavis et indemnité, tandis qu’une faute grave ou lourde justifie un licenciement sans préavis ni indemnité, car elle rend impossible le maintien du(de la) salarié(e) dans l’entreprise. Le licenciement pour faute lourde est réservé aux comportements intentionnels, visant à nuire à l’entreprise.

Quel recours en cas de contestation de la sanction ?

Un(e) salarié(e) sanctionné(e) a la possibilité de contester la sanction devant le Conseil de prud’hommes, notamment si la sanction lui semble disproportionnée, injustifiée, ou si la procédure n’a pas été respectée. Le(la) salarié(e) dispose d’un délai de deux ans pour agir en justice.

Le Conseil de prud’hommes peut alors annuler la sanction si elle est jugée abusive ou non conforme à la loi, voire ordonner la réintégration du salarié en cas de licenciement abusif. Si la sanction est annulée, l’employeur pourra être condamné à verser des dommages-intérêts au(à la) salarié(e).

Les questions les plus fréquentes sur les sanctions disciplinaires au travail

1. Quelle est la procédure à suivre pour sanctionner un salarié ?

La procédure disciplinaire comprend plusieurs étapes : la convocation à un entretien préalable, la tenue de l’entretien où le(e) salarié(e) peut s’expliquer, et la notification de la sanction. La sanction doit être prononcée après un délai de réflexion de deux jours et notifiée dans un délai d’un mois après l’entretien.

2. Quels sont les délais à respecter pour engager une sanction disciplinaire ?

L’employeur dispose de deux mois à compter du jour où il a eu connaissance du fait fautif pour engager une procédure disciplinaire, selon l’article L1332-4 du Code du travail. Passé ce délai, il ne peut plus sanctionner le(e) salarié(e) pour ce fait.

3. Peut-on sanctionner un salarié plusieurs fois pour le même fait ?

Non, selon le principe “Non Bis in Idem”, un salarié ne peut pas être sanctionné deux fois pour le même fait fautif. Ce principe a été confirmé par la Cour de cassation dans un arrêt du 3 mai 2011.

 

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Béatrice est senior content manager chez Factorial. Sa principale mission : vous inviter à venir, vous donner envie de rester et vous inciter à revenir. Elle a commencé son aventure dans les ressources humaines il y a environ 6 ans et ça continue ! Comme une voiture tout-terrain, elle raffole du hors-piste et n'hésite pas à se frotter à d'autres univers (elle était à une époque une commerciale acharnée qui négociait la vente de formations professionnelles).

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