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Environnement de travail : 5 signes d’une QVT dégradée

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7 minutes de lecture
employée pensive dans un mauvais environnement de travil

L’environnement de travail n’est pas la seule composante de la Qualité de vie au travail (QVT).

Pourtant, le cadre joue beaucoup, non seulement sur les conditions de travail et la pénibilité au quotidien,mais aussi sur leur pouvoir d’agir collectivement des salariés, donc sur leur engagement et leur performance au travail. 

Voici 5 signes qui devraient vous alerter (et comment y remédier).

1. Quand l’aménagement des bureaux révèle un management dépassé

Les grands espaces avec baies vitrées pour les responsables et les cadres, pendant que les employés s’entassent dans des petits bureaux, cela vous parle ?

Cet aménagement des espaces de travail est caractéristique d’une vision complètement dépassée des organisations. 

Aujourd’hui, la tendance va aux modèles plus horizontaux, moins hiérarchisés, qui permettent d’introduire de la créativité et de l’agilité dans les collectifs de travail.

Pour autant, de nombreuses entreprises ont conservé leurs anciens locaux et cela peut avoir des conséquences négatives auprès des salariés. 

Les espaces cloisonnés… cloisonnent

Les espaces séparés, ainsi que les signes ostentatoires de hiérarchie dans l’attribution et l’organisation des bureaux ont pour conséquence de créer un fossé entre le management et les équipes.

Lorsque l’environnement de travail est très hiérarchisé, cela engendre : 

  • de la méfiance mutuelle entre le management et les salariés ;
  • une culture du secret qui s’intensifie ;
  • plus de verticalité dans les prises de décision ;
  • un sentiment de ne pas faire partie du même monde.

Il est bien plus difficile d’oser parler à son manager s’il faut grimper une tour d’ivoire pour aller le voir. 

Inversement, les chefs d’équipes pourraient ne pas se sentir désirés dans l’espace attribué aux employés. Le chef arrive : tout le monde se tait !

Comment y remédier ?

Si vous ne pouvez pas faire tomber toutes les cloisons de vos bureaux, évitez de rajouter des barrières mentales. Intégrez de la mixité fonctionnelle et hiérarchique autant que possible au sein des espaces de travail. 

Apportez de la transparence et de l’objectivité dans les critères d’attribution des bureaux.

Par exemple, le service administratif a besoin d’être proche de l’imprimante, et le responsable commercial a un grand bureau, parce qu’il reçoit des clients. 

Montrez également que les espaces et leur aménagement évoluent selon les besoins, et non les personnes ou leurs titres.

La surface et l’agencement du bureau ne doivent pas incarner ou graver dans le marbre une position hiérarchique, ni l’appartenance à une équipe.

2. Quand la culture du présentéisme s’incarne dans l’open space

L’exact opposé, qui peut être aussi très toxique, c’est l’open space de la surveillance.

Ce type d’environnement de travail où tout le monde surveille tout le monde glorifie le présentéisme et le travail visible. 

La surveillance ne révèle que l’incapacité à gérer la performance

Certes, contrairement aux environnements de travail très cloisonnés, les open spaces sont censés faciliter la collaboration et les interactions.

En réalité, ils ont plutôt tendance à renforcer le contrôle par les pairs et la surveillance mutuelle.

Selon le cabinet Gartner, le marché de la « surveillance au travail » est florissant : il est estimé à 3,3 milliards de dollars.

Les entreprises sont vite tentées d’installer des caméras pour épier les allées et venues de leurs collaborateurs.

Mauvaise idée : car la performance est autant corrélée à la motivation qu’au nombre d’heures passées au bureau. Or, se sentir surveillé n’aide pas à se motiver !

Dans un espace coworking, il n’y a cependant pas besoin de caméra pour générer un sentiment de contrôle.

Les collaborateurs s’observent les uns les autres. On sait qui arrive à quelle heure et qui part quand. Certains peuvent même compter les pauses. 

Résultat : cela favorise une culture du présentéisme au lieu d’une culture de la performance. L’image de la productivité devient plus importante que la productivité elle-même.

Le sociologue Jérôme Cihuelo, dans un article de la revue Sociologie du travail intitulé Les dimensions cachées du travail en open space : le cas de téléconseillers en centres d’appels, montre comment au sein d’un plateau de téléconseillers, la réalisation du travail dans un espace complètement ouvert devient vise une mise en représentation de soi et de ses compétences.

“L’ouverture du plateau, sous le regard et l’écoute croisés de ses membres, conduit à ce qu’il soit aussi investi comme une « arène des habiletés » (Dodier, 1993), pourvoyeuse de positions et de reconnaissances.”.

Quand tout repose sur le travail visible, c’est la productivité réelle qui en fait les frais.

Lors de la crise sanitaire et du confinement, de nombreuses entreprises ont touché du doigt l’impact de ces pratiques.

Elles ont dû alors apprendre à gérer  des salariés capables de se connecter à Teams… juste pour être connectés.

Comment y remédier ?

Mettez en place un système transparent de gestion et évaluation de la performance.

Apprenez à vos collaborateurs à distinguer respect des horaires, surprésentéisme et engagement au travail.

Évitez surtout les logiciels de surveillance qui ne font que renforcer le sentiment de contrôle et in fine, démotivent vos salariés.

3. Quand le bien-être et la santé sur le lieu de travail ne sont pas respectés 

L’environnement de travail a aussi un impact sur la santé et la sécurité au travail.

Le Code du Travail ne définit pas de règles spécifiques en matière d’aménagements des espaces.

En revanche, il stipule que l’employeur doit veiller à la santé et à la sécurité des salariés sur le lieu de travail.

Un environnement de travail pénible, c’est un facteur de risque professionnel

La définition de la pénibilité au travail est posée dans la loi du 9 novembre 2010 : elle se caractérise “par une exposition, au cours du parcours professionnel, à un ou plusieurs facteurs de risques susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé du travailleur ».

Parmi les facteurs de risques liés à l’environnement, on distingue : 

  • Les activités exercées en milieu hyperbare (pression supérieure à la pression atmosphérique) ;
  • les lieux de travail bruyants ;
  • les environnements exposés à des températures extrêmes ;
  • les locaux dans lesquels sont entreposés des produits chimiques ;
  • les postes de travail qui génèrent des postures pénibles.

L’employeur est tenu de mettre en place un système de prévention pour ses salariés.

Par exemple, si l’environnement de travail est bruyant, il doit équiper ses employés de casques réducteurs de bruit ou ses locaux de solutions acoustiques adaptées.

Comment y remédier ?

La question n’est pas de remédier mais d’anticiper et de prévenir !

L’entreprise a l’obligation de repérer les facteurs de risques professionnels et d’ouvrir un compte professionnel de prévention pour tout salarié exposé.

Elle doit aussi transmettre annuellement la déclaration des expositions des salariés aux facteurs de risques professionnels concernés. 

Les entreprises de plus de 50 salariés doivent aussi négocier un accord et définir un plan d’action visant à protéger les travailleurs.

Cependant, il n’y a pas besoin d’attendre les obligations légales pour être exemplaire en matière de bien-être au travail.

Un environnement protégé c’est bien, mais un environnement agréable, c’est mieux. Car l’expérience collaborateur est aussi une expérience sensorielle. 

Aussi, pour éviter les irritants du quotidien, vous pouvez aussi : 

  • mettre en place un règlement de la vie collective en open space ;
  • aménager des espaces intimes et individuels pour que les personnes puissent se ressourcer ;
  • mettez en place des espaces dédiés aux conversations téléphoniques dans un coworking ;
  • fournir des conseils à vos salariés pour qu’ils prennent soin de leur posture ;
  • investir dans l’ergonomie des postes de travail (souris ergonomique, table à hauteur variable, etc.).

4. Quand il n’y a pas d’espace dédié au collectif de travail

Parmi les autres signaux qui dénotent un environnement de travail peu agile, l’absence d’espace de travail collectif.

Si vous n’avez aucune salle de réunion ou de brainstorming, comment voulez-vous favoriser le travail d’équipe ?

Un environnement qui empêche d’agir ensemble

Selon la définition de l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail, la qualité de vie au travail et l’engagement des salariés passe surtout par la capacité d’agir sur le contenu de son activité. 

Elle s’appuie sur le collectif et le pouvoir d’imaginer, entre pairs, des solutions pour améliorer l’organisation du travail. 

Conclusion, sans salle de réunion, il n’y a pas de pouvoir d’agir collectivement.

De plus, les échanges informels, comme les pauses-café, contribuent largement à améliorer et réguler le travail. 

Concrètement, cela signifie que si vous n’avez prévu aucun espace de convivialité dans votre entreprise, vous bridez les échanges spontanés et, donc, les régulations informelles au travail.

Comment y remédier ?

Aménagez et variez les espaces de rencontre au sein de vos locaux : espace café, salle de détente, cuisine partagée, coin réunion improvisée, etc.

5. Quand les bureaux n’attirent plus les salariés

Le dernier signal est celui que vous envoient vos salariés.

Après la crise sanitaire, le 7ème baromètre OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine avait montré que 74 % des travailleurs ne voulaient pas revenir sur site. 

Dans la majorité des cas, une grande partie des salariés ont cependant privilégié un modèle hybride, ce qui a conduit les entreprises à mettre en place des systèmes de flex office.

Des nouvelles organisations qui oublient de réaménager les espaces 

Or, le flex-office ne s’improvise pas. Mal organisés, les espaces de travail en mode coworking ou les bureaux volants peuvent vite devenir des sources de conflit.

Les collaborateurs peuvent ne plus se sentir accueillis dans l’entreprise.

Inversement, pour pouvoir motiver les équipes à revenir au bureau, l’environnement de travail doit apporter autre chose qu’un simple bureau “comme à la maison”.

À défaut  : 

  • les salariés ne voient pas l’avantage du bureau par rapport au télétravail ;
  • les relations sont de plus en plus distendues ;
  • l’organisation en mode hybride devient une source de conflit latent ;
  • les jours en présentiel sont vécus comme une punition.

Comment y remédier ?

Il faut adapter et animer le cadre pour le rendre compatible aux nouvelles organisations.

Celles-ci sont plus agiles et collaboratives, les échanges plus horizontaux et on-demand.

Les meilleures pratiques pour adapter l’environnement de travail doivent avant tout traduire et accompagner ces changements.

Béatrice est senior content manager chez Factorial. Sa principale mission : vous inviter à venir, vous donner envie de rester et vous inciter à revenir. Elle a commencé son aventure dans les ressources humaines il y a environ 6 ans et ça continue ! Comme une voiture tout-terrain, elle raffole du hors-piste et n'hésite pas à se frotter à d'autres univers (elle était à une époque une commerciale acharnée qui négociait la vente de formations professionnelles).

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